Vitaly déambulait dans la ville, sans savoir où aller. La réalité était qu’il était sortit sans savoir pourquoi, et qu’il rentrerait quand l’envie lui prendrait. Question de logique. Il regardait avec des yeux calmes, sensibles. Il s’était habitué à la vue du sang, à la vue des corps qui jonchaient le sol en des amas de pourriture. L’humus en décomposition rejetait des odeurs insupportables. Vitaly regardait sans voir, d’un œil absent, ce que l’Homme faisait. L’Homme ? Tout le monde aurait dit que ce n’était pas l’Homme, mais les Lycanthropes et les Vampires. Vitaly aurait sourit avec calme et aurait chuchoté que les Lycanthropes et les Vampires sont des Hommes, eux aussi. On disait qu’il n’était pas digne de l’Humanité. C’était ridicule. On ne pouvait en être digne que si on y appartenait. Or, les Meutes Lycanes n’appartenaient pas au sens strict du terme à la belle et grande Humanité. Mais ils étaient humains. A l’origine. Un fil lumineux éclata à sa droite et lui traversa le corps, mais il continua de marcher, sans un mot. La balle était ressortie et déjà la plaie se refermait. C’était une question de temps. Tuer des personnes, innocentes, n’étaient pas le propre de son espèce. Cette satanée lutte n’était pas dû à son sang, à son peuple. C’était faux. C’était ridicule ! de la foutaise ! des mensonges ! …ça ne pouvait pas être ça. Ça ne se pouvait pas dans les yeux du lycanthrope qui marchait, comme un fantôme qui hante quelques rues, le regard balayant les trottoirs à la recherche de quelques personnes à sauver. De quelques enfants, aussi. Le Camp 51 était bien plus à croc depuis que Kirill avait arraché Elladora, surtout Arthur Konstantine de qui on disait qu’il cherchait dans tout Los Angeles sa petite fille chérie. Vitaly n’aurait pas aimé croiser cet homme. Pas qu’il en avait peur. Mais il aura qu’entre Arthur et lui, ça serait à la mort ; et Vitaly n’avait jusqu’alors jamais tuer quiconque. Il était vierge de tout sang, ses mains étaient propres. Sur lui ? que son sang. Le sien. Pas celui d’un autre. Car comme un homme pieux, il tendait l’autre joue lorsqu’on le frappait, pour ne jamais à s’en vouloir. Vitaly était l’extrême disciple de Kveld, et Kveld était bien réputé pour être des plus pacifiste en ce monde de brute. Il avança, encore un peu, mais déjà il se faisait tard pour lui. Il devait aller attendre Azur, comme toutes les nuits. Pour la voir, elle, ses beaux cheveux blonds qui sentent le bois de l’avoir attendu. J’arque un sourcil. Une odeur. De femme. Pas la bonne, pourtant. Il arque un sourcil. Il n’est en colère, pas plus paniqué en réalité. Il se demande juste qui il a rencontré. Et pourquoi, ici, maintenant. Personne ne se doit d’approcher Crescenta, car c’est là le Territoire des Loups. Un territoire neutre. Il se rapprocha, encore un peu, quand elle sort de l’ombre. Son regard vairon – mi bleu, mi gris – détaille aussitôt la jeune femme, de bas en haut. Une chasseuse, en vue de l’odeur. Un relan de sang, de sueur, d’excitation malsaine. Elle a déjà tué, car sous ses ongles, il y a des traces infimes. Elle a les yeux noisette, des cheveux bruns. Bien. Est-elle armée ? Il s’en moque un peu. Il penche doucement la tête et s’approche, d’un pas, pas plus. Plus et il risque de la brusquer. Ce n’est pas ce qu’il veut. Il veut uniquement revoir la belle.

« Si vous cherchez quelques proies, vous êtes tombés sur la mauvaise. Je ne suis pas un tueur. » Il le fixe. « Je veux juste rentrer chez moi. Je ne vous veux aucun mal. »

Il a un sourire calme, serein. Sincère. Il a ce sourire doux qu’ont les gens qui disent la vérité, et ses yeux ne mentent pas. Il se risque encore à faire un pas. Elle ne bouge pas. Au premier mouvement, il esquivera sans jamais rendre la pareille. C’est là la marque de la maison. Le pardon.