priorité à Evangeline.


Un homme marchait doucement dans les rues de Los Angeles. Cet homme s'appelait Tiago. De sa vie, jamais il n'aurait pensé la voir ainsi. Depuis tout petit, Tiago avait toujours ressentit un certain amour pour cette cité qui défiait tout ce que Dieu tentait de mettre en place par le biais de ses hommes de mains, les prêtres, curés et autres hommes à robe ayant fait le vœux de chasteté pour ne se donner qu'à lui. Observant les ruines de Los Angeles comme il le faisait à chaque fois qu'il se dirigeait vers Chinatown pour y récupérer des ingrédients et autres choses que son oncle l'envoyait chercher, il ne cessait de revoir, par de là ces ruines, leur passé. Les immeubles qui se dressaient dans toute la ville, défiant les éléments, montrant toute la puissance de l'humanité... Les bruits des voitures, magasins, des gens... L'odeur des pots d'échappement, mais aussi des différents restaurants lorsque l'on passait devant, sans oublier les odeurs de saucisses des vendeurs de hot dog que l'on croisait souvent sur les avenues les plus connues... Bref. Toute une ville qui s'était écroulée à cause d'un conflit qui ne la regardait même pas... Qui s'était toujours déroulés depuis ses fondations sans que jamais elle ne décide d'y mettre un terme, les laissant se battre dans l'ombre... Dans l'underground de L.A... Tiago soupira.

Il rangea ses mains dans les poches de sa veste noir, regardant droit devant lui. Marchant sur la route, où l'on pouvait voir des carcasses de camions, voitures, motos et tutti... Il y avait de tout... Même des os... Une odeur de sang se faisait sentir. Et il serra, machinalement, un peu plus sa veste contre lui, ses sens aux aguets. Finalement, ses jambes le menèrent rapidement à Chinatown, où direct, le bruit de voix, de tintements, et autres en tout genre, se faisait entendre, arrachant un léger sourire, voir même un petit soupire de soulagement. Dans les rues, des chinois, enfin, des asiatiques, car il ne pouvait réellement les différencier les uns des autres, marchaient tenant des armes, montrant ainsi qu'ils tenaient l'endroit sous contrôle et que, visiblement, ils ne pardonneraient aucun écart. D'autant plus qu'à leur apparence pour le moins... Surprenante et originale, ils ne pouvaient qu'évoquer une certaine forme de violence froide. Tiago ne dit rien, et fit comme si de rien n'était lorsqu'il pénétra dans le bazar du quartier asiatique, à la recherche d'une enseigne qui ne lui était que familière. Et pour cause... Le gérant était un ami de très longue date avec son oncle.

Il y avait beaucoup de gens dans les rues du Chinatown. Et même si cela lui procurait un certain plaisir de voir un peu de vie dans cette ville qu'il aimait tant, le fait de devoir faire attention où mettre les pieds, lui tapait sur le système. Car entre les odeurs des épices, et autres, il y avait également les odeurs de transpirations, mais aussi de merdes, et de pisses. Quelque chose de âcre aussi... Mais il n'arrivait pas à le définir. Un son de voix incessant, des multitudes de langages/dialectes, et en arrière son, de la musique... Au bout de bien une demi-heure, il finit par entrer dans la boutique de Mr. Ming. Un petit tintement se fit entendre, alors qu'il entrait pour s'arrêter en plein milieu du magasin, observant les armoires, et les vitrines où des multitudes de remèdes, et autres gris-gris se faisaient apercevoir. Un raclement de gorge se fit entendre, attirant aussitôt l'attention de Tiago vers l'homme qui venait d'entrer dans la pièce.

Il devait faire un mètre soixante cinq. Il avait le cheveux grisonnant, mais le regard malicieux. On pouvait facilement lui donner l'âge de la cinquantaine. Pourtant, personne ne savait réellement son âge. Pas même ses enfants qui étaient au nombre de deux. Tiago eut un sourire en le reconnaissant, et ce dernier fit de même avant de lâcher quelque chose derrière le comptoir. Ming s'écria presque aussitôt tout en s'avançant vers Tiago qu'il serra contre son coeur.

- Mais c'est que t'es devenu grand, maintenant ! Il eut un petit sourire amusé en regardant les yeux de Tiago. Ton père doit être fier de toi, à ce que je vois, hein ? Enfin, bref... J'parle trop. Qu'est ce que tu veux ?
- La même chose que d'hab', tsé... Oncle 'Rico qui m'envoie lui faire ses courses... Je fais son petit chien chien, tu vois l'genre ?

Ming éclata de rire. Il avait très bien saisi le jeu de mot du gamin, avant de saisir la liste que Tiago lui avait tendu en même temps qu'il lui parlait. Rapidement, il lui donna un sac avec tout ce qu'Enrique attendait.

- Et... Fais attention dehors... Même si nos gars vadrouillent, j'y ai vu de la viande froide... Ton sang est chaud, Tiago. Trop chaud pour un simple mortel. Fais gaffe... Ils aiment encore plus la chasse au loup, qu'aux humains.

Tiago le regarda gravement avant de s'incliner devant l'asiat', avec un regard plein de respect. Ming s'inclina poliment devant lui, avant de retourner à ses affaires. Tiago enroula le sac plastique avant de le mettre dans une de ses poches avant de sortir de la boutique avec un sourire amusé. Et là...

BIM !

Et...

- Oops ! Pardon, euh... Mademoiselle... Un sourire presque mutin s'affiche sur les lèvres de Tiago sans qu'il ne le fasse réellement exprès, avant de reprendre. J'étais... Perdu dans mes pensées, je ne vous avais pas vu.

A noter qu'il avait quand même un certain accent hispanique. Non pas pour séduire, hein, je vous vois là. NON ! IL N'EST PAS UN CLICHE ! ( pas lui, en tout cas ). Mais parce que son oreille est bien plus habitué au spanglish qu'à autre chose. Venant des bas fonds de la population latino de L.A... Il n'y a pas d'autres choix.

Il avait croisé son regard. Un truc se passa. Il ne sut quoi, mais quelque chose venait de se dérouler, là, à l'instant même. Il ne sut dire pourquoi, mais lorsqu'elle se rattrapa à son bras, lui serrant de sa main fraîche pour ne pas tomber, il sentit un gêne s'installait. Tiago détourna rapidement le regard, le baissant devant une femme, avant d'aller chercher de l'aide par de là la vitrine. Mais Ming n'y était pas, sûrement retourné dans ses arrières. Tiago releva son regard vers la demoiselle. Un éclair d'ambre traversa la noirceur de ses yeux, avant qu'elle ne retire sa main, tout en regardant son avant-bras. Machinalement, et sans trop de réflexion, il avait comprit. Elle l'avait deviné. Il se mordit délicatement la joue, comme inquiet l'espace de quelques instants, avant de reprendre de sa superbe, affichant un sourire légèrement gêné, histoire qu'il reste quand même dans le contexte présent, avant qu'elle ne dise :

- Excusez moi mais... euh non, c'est stupide laissez tomber.

Presque par réflexe, il répondit du tac-o-tac.

- Qu'est ce qui a de si stupide pour que je doive laisse tomber ? Un sourire plus sûr de lui, légèrement arrogant se fit apercevoir sur ses lèvres. Une arrogance noble. Pas de gamin pré-pubère en pleine crise d'adolescence. On s'connaît pas encore, et tu veux que j'laisse déjà tomber ?

Il eut un regard à faire fondre la neige. Son regard noir et plein de chaleur se jetait dans le bleu azur d'une mer que l'on voit sur les petites cartes postales de tel ou tel île bien huppé et à la mode. Enfin... De la mode qu'il y avait encore y a cinq ans. Il fit un pas de côté, pour la laisser passer au même moment où cette dernière faisait de même. Tiago ne put s'empêcher, encore une fois, de baisser le regard, jusqu'à ce quelque chose se passe...

... Tout à coup, ses instincts de lycan le mirent en alerte. Il releve le regard derrière Evangeline, apercevant dans l'ombre d'une ruelle deux hommes vêtus de longs blousons de cuir noir. Ils avaient une peau cadavérique, et un regard profondément malsain. Rouge. Rouge sang. Le regard de Tiago prit instantanément une teinte ambre, et l'on aurait presque vu ses muscles grossirent dans ses habits. Une veine au niveau de sa main se fit proéminente. Il reposa son regard sur Evangeline, avant d'ouvrir la porte de la boutique de Ming.

- Entre... Je me rattrape de ma tentative de drague pourri de tout à l'heure, en étant un peu plus galant...

Il se force à sourire. Mais elle peut le voir. Tiago est agité. Quelque chose le tracasse... Elle ne peut que le ressentir car il ne sait pas encore se faire discret comme son père, par exemple. Lorsqu'elle rentre, Ming apparaît à son tour, tandis que Tiago referme la porte derrière lui - lui aussi est dans la boutique -.

Ming eut un sourire en apercevant Evangeline.

- Ah... La petite Evangeline ! Comment tu vas, depuis la dernière fois, hein ? Des nouvelles de ta mère ?

Il avait un regard rassurant et sécurisant. Néanmoins lorsqu'il reposa son regard sur Tiago, il se fit, tout à coup, beaucoup plus inquiet.

- Tu as oublié quelque chose, Tiago ?
- Oui... Mais occupes-toi de la belle, je peux attendre. Il a un petit sourire, mais il ne cesse de regarder par la fenêtre. C'est la première fois qu'il se sent seul, et qu'il se retrouve seul face à deux vampires. Il fait jour... Mais dans une ville comme ça, il est quand même assez aisé de se balader dans les rues sans avoir à se faire cramer par le soleil... Entre les hautes tentes, et les ombres que dégageaient encore les buildings...

... Tiago avait la boule au ventre.

- Je crois qu'on ferait mieux de monter...

Tiago acquiesça silencieusement, regardant toujours par la fenêtre, le rideau tiré. Les vampires ne semblaient pas bouger, observant en direction de la boutique, sachant très bien ce qu'il y avait dedans. Tiago se racla légèrement la gorge avant de se tourner pour suivre Ming' et Evangelin (dont il avait appris le nom en écoutant l'échange entre l'asiat' et la p'tite dernière) qui se dirigeait vers le sommet de la boutique. Et lorsque Ming' ouvrit la porte, Tiago sentit une chaleur l'envahir, et un léger sourire vint s'insinuer sur son visage. Ils entrèrent dans la pièce ouverte à toute lumière, rassurant quelque peu le jeune Lycan, malgré ses regards qu'il portait vers le bas. Le latino observait le grenier avec une étrange amertume, en pensant que Ming' avait échappé à la mort. Mais... Cela n'avait rien d'étonnant. Ming' adorait se foutre de la gueule de la mort... Il l'avait tant montré ses cinq dernières années. L'asiat' remarqua son regard plein de respect et il eut un sourire, en disant :

- Et quoi ? Parce que je suis un vieux, j'peux pas me d'fendre ?

Tiago eut un léger sourire avant de reprendre son inquiétude. Il s'approcha doucement du rebord, s'agenouillant, observant la rue avec une certaine attention. Les vampires avaient disparu, et l'impression de les voir débouler à tout instant ne fit qu'un tour dans la tête de l'hispanique avant de se figer sur place. Lui, il n'avait jamais combattu de vampires. Il s'était battu contre d'autres lycans, et avait prouvé aux yeux de tous, qu'il avait énormément de potentiel, mais ce n'était pas dans le même contexte... Et il le savait. Finalement, il se redressa doucement, jouant avec l'anneau qu'il avait autours de l'annulaire gauche, tout en observant l'asiat' et la demoiselle. Tiago s'assit doucement sur une commode.

- J'ai cru que tu avais de la fièvre à cause de la mauvaise grippe qu'il y a en ce moment, c'était ça le truc stupide, j'allais te demander si tu voulais que je t'examine.

Ming explosa de rire.

- Une... Mauvaise grippe ?

A son tour, il eut un petit rire amusé, avant de finalement s'arrêter, gardant toujours un petit sourire bien mutin comme les femmes aiment.

- ... Je suis bien loin de la mauvaise grippe. Je souffre plutôt d'un autre mal. Même si cela n'a rien de tel...
- Raaah ! Ta gueule, Tiago ! Et sors-moi les cartes qui sont sous ton cul ! On va jouer un peu en attendant que madame me soigne !

Il eut un sourire amusé, tandis que Tiago se laissait glisser au sol pour fouiller dans la commode. Ming tira une petite table vers le centre de la pièce, tout en amenant 4 coussins qu'il déposa à la va-vite autours. Il leur fit signe de s'asseoir, et Ming commença à battre les cartes.

- On fait quoi ?
- D'abords, Madame me soigne.