« Conçu de la violence, de la douleur, du crime… et d’une ignominie sans nom, naquit Lucifer. » La mère de Luther était une jeune femme d’une grande beauté, comme beaucoup de ses semblables certes, mais elle avait quelque chose de différent. Beaucoup assimilaient cela au fait qu’elle était de sang pur, mais cela n’avait rien à voir elle était juste belle, il ne fallait pas chercher d’explication compliquée à ce fait. Anna puisque c’était son nom, avait du fait de sa beauté, toujours été très courtisé parmi les siens, les autres louves l’enviaient énormément. Pourtant, contre toutes attentes, quand l’heure fut venue de présenter à son père l’homme qu’elle avait choisi pour compagnon, elle mena devant le vieil homme un… humain. Certes la meute du Crépuscule, menait déjà à l’époque une vie parfaitement harmonieuse avec l’espèce humaine qui ne représentait pas un ennemi à leurs yeux, mais cela n’empêchait pas certaines personnes de ne pas voir l’union d’une sang pur avec un simple humain comme quelque chose de convenable. La pureté de leur clan devait perdurer et dans l’esprit d’un des nombreux prétendant d’Anna, voir cette dernière osée imaginer un instant qu’il serait recevable de s’unir à un mortel, était une véritable infamie. Sans doute derrière cette volonté de conserver la ligné, de la jeune femme, pure n’était peut-être que la façade d’un sentiment moins « noble » : la colère. La colère de n’avoir pas été choisi par la dame, la colère de se voir prendre la belle par une espèce aussi ridicule, la colère de se voir ridiculiser auprès de ses proches auprès de qui il n’avait eu de cesse de clamer qu’un jour il se marierait avec la jeune femme… toute cette colère s’intensifia de mal en pis au fur et à mesure que le glas de l’union d’Anna se rapprochait. La colère devenue rage, le prétendant déchu ne tint plus et décida de faire ce qui lui semblait le plus approprié à faire. Il alla trouver Anna lorsqu’il savait qu’il pourrait la trouver seule, il n’eut aucun mal à prendre le dessus sur elle, il n’eut aucun mal à la bloquer, même quand elle se transforma, lui comme elle savait qu’elle n’avait aucune chance de s’en sortir. Une fois dompté, il prit possession d’elle, la prenant avec violence et contre sa volonté il la fit sienne. On retrouva le corps d’Anna complètement nue dans une forêt longeant la demeure de sa famille. Elle n’était pas morte, du moins pas physiquement, mais son âme avait, semble-t-il, quitté son corps. Ce fut le frère d’Anna qui la retrouva. Après avoir ramené la jeune femme dans leur manoir, lui et son père partirent en quête du criminel qui avait osé faire subir une telle monstruosité à la belle. Il ne leur fut pas bien difficile à retrouver. Peut-être, inconsciemment rongé par la culpabilité, s’était-il simplement laissé capturer. Les deux loups eux, envahis par la folie, le déchirèrent en milles morceau, faisant souffrir l’animal dans une infinie torture. Marcus, le père d’Anna et Darius son frère, savaient que, sans accords du loup Alpha, sans avoir même consulté les hautes sphères de leur meute, en tuant l’un des leurs ils allaient certainement subir le même sort que leur victime. C’est pourquoi Marcus décida d’assumer entièrement la responsabilité du meurtre que lui et son fils avait commis. Darius ne voulait pas, évidemment, il n’avait pas peur de mourir, mais Marcus ne voulait rien entendre, il tenait à ce que son fils vive pour qu’il puisse veiller à jamais sur sa sœur, ou tout du moins le semblant de sœur qu’il lui restait à présent. Marcus était un homme respecté parmi le clan, il était l’un des plus vieux loup qu’on ait connu, un ancien, un conseiller, son crime étonna tout le monde. Il ne donna aucune justification à son geste, il ne parla pas un instant du viol de sa fille, il ne voulait pas ternir son image et puis cela n’aurait rien changé, un loup tuant l’un de ses semblables est certainement l’un des pires crimes chez les lycans. Alors, pourquoi chercher à se justifier ? Les autres anciens n’étaient pas dupes, ils savaient bien que Marcus cachait quelque chose, ils savaient qu’il n’aurait pu commettre un crime sans bonne raison, mais Marcus n’avoua pas, il resta muet jusqu’à son exécution. Pour sa part Darius savait qu’au fond son père avait raison, qui aurait veillé sur Anna s’ils étaient tout deux morts ? Il devait rester auprès d’elle, prendre soin d’elle jusqu’à son dernier soupir. C’était la seule chose qu’il pouvait faire pour honorer le noble sacrifice de son père.
Anna ne se maria jamais, elle était prostrée dans son mutisme et passait ses journées assises face à une fenêtre regardant le ciel sans ciller. On entendit plus jamais parler de son fiancé humain, on dit que la folie d’Anna l’ayant atteint il se suicida en se jetant par-dessus une falaise, comme le stupide mortel qu’il était. Darius prit soins de sa sœur sans relâche, il lui apportait sa nourriture et la forçait à manger. Il fallait qu’elle se nourrisse surtout… surtout maintenant qu’elle portait des enfants. Quelques mois après la malheureuse agression qu’avait subis Anna, on constata que son ventre prenait une forme étrange, en effet elle portait les louveteaux de son agresseur. Elle n’en voulait pas, quand on lui annonça la nouvelle elle tenta de se tuer et Darius du redoubler de précaution envers sa sœur pour l’empêcher de se faire du mal. De la portée de trois louveteaux un seul survécut au bout du compte. Quand on demanda à Anna de lui choisir un nom elle n’hésita pas un instant « Lucifer » avait-elle dit, Darius lui demanda de lui donner un "vrai" nom, il ne voyait pas son neveu porter un tel nom, ça ressemblait plus à un nom de vampire… mais elle insista avec rage, ne cessant de répéter qu’étant le fils du diable il ne méritait pas d’autre nom.
On l’appela donc Lucifer. Après l’avoir mis au monde Anna ne voulut plus jamais entendre parler de sa « progéniture », elle ne le qualifia jamais comme étant son fils. Lucifer grandit et ne rencontra jamais réellement sa mère, il savait qui elle était, l’apercevant parfois à travers l’entrebâillement de la porte de sa chambre lorsqu’on lui apportait sa nourriture. Lui n’avait pas le droit d’entrer dans la chambre de sa mère. Darius le lui interdisait formellement. Darius était la seule personne qui s’occupait de lui, il n’avait pas le droit de sortir de la demeure, car les autres ne connaissaient pas son existence. Darius attendait le « bon moment » comme il disait. Le « bon moment » semblait bien long à L, qui finit par passer toute son enfance cloîtré dans l’ancestrale demeure familiale. Pourtant, un jour, réussissant à échapper à l’attention de son oncle, L réussit à sortir en douce et à se faufiler hors des propriétés de sa famille. S’étant transformé L courut au loin sans s’arrêter jusqu’à ce qu’il tombe sur un autre lycan… un jeune lycan. C’était la toute première fois que L rencontrait un autre lycan (hormis son oncle, sa mère et les serviteurs de sa famille) et également la toute première fois qu’il rencontrait quelqu’un de son âge (ou qui semblait avoir à peu près son âge).
L : « Salut ! »
??: « Salut ! »
L : « Qui es-tu ? »
??: « Je m’appelle ?? et toi ? »
L : « Moi c’est L »
??: « C’est pas un nom L c’est une lettre idiot ! »
L : « Désolé c’est l’habitude. C’est parce que je déteste mon prénom »
??: « Tu peux me le dire, je le dirais à personne promis ! »
L : « Je m’appelle Lucifer »
??: « Hé bah ! C’est pas moche du tout ! Ça veut dire « le porteur de lumière » en latin, je trouve ça très beau moi. Pas toi ? »
L était scié en entendant le jeune garçon, c’était la première fois qu’on lui disait que son nom était beau, en même temps c’était aussi la première fois qu’on lui donnait la signification de son nom…
L passa toute la nuit en compagnie de son nouvel ami, une fois que le soleil commença à pointer le bout de son nez, il décida de rentrer avant que quelqu’un ne s’aperçoive de sa disparition. L et son ami se promirent de se revoir le soir même pour jouer ensemble hélas tout ne se passa pas comme prévu. Alors que L était rentré sans s’être fait prendre, quelqu’un vint à la demeure des Draven. Darius amena L dans le petit salon qui servait de pièce d'accueil aux invités importants. Entrant dans la pièce L remarqua tout de suite un grand homme au visage sérieux qui le fixa avec étonnement. Cet homme était une sommité de la meute, il avait entendu un enfant, vous devinez qui, parler avec l’un des membres de la meute d’un petit loup inconnu de tous et répondant au nom de L. Ayant connaissance de chaque membre de la meute il ne fut pas étonnant que cette nouvelle choqua l’ancien. Darius avoua tout : le viol de sa sœur, le sacrifice de son père, la naissance cachée de L (il omit de préciser qu’il avait participé au meurtre du violeur de sa sœur évidemment). L n’en voulu pas à son ami pour avoir, par mégarde, parlé un peu trop fort de son existence, après tout L n’avait pas précisé qu’il ne devait parler de lui à personne… Et puis après tout n’ayant eu aucunes retombées sur la famille Draven, cela n’avait aucune importance.
L continua de grandir, traversant les siècles, à présent entouré de toute sa meute il mena l’existence de n’importe quel autre sang pur… enfin si on met de côté le fait qu’il n’avait pas de père et a priori pas de mère non plus… Bref L profita bien de sa vie! Enfant il était plutôt sage, mais une fois qu’on commençait à le provoquer sur le sujet de sa famille il n’hésitait pas une seule seconde à se changer en loup et à attaquer sans ménagement, on disait qu’il avait l’agressivité d’un mordu dans ces moments-là. Plus tard il s’assagit et devint tel que l’on le connait aujourd’hui.
Darius fut celui qui annonça à L la nouvelle du meurtre d’un des leur par un vampire. « La vengeance c’est un truc qu’on connait bien dans la famille » avait-il dit en souriant. L n’était pas très heureux d’entamer une guerre avec les vampires, enfin à la base, mais cette histoire de meurtre à réveiller en lui de vieux démons… (pour sûr Lucifer les démons ça le connait…) Traquer les vampires, leur rendre au centuple la monnaie de leur pièce, voilà qui sonnait bien aux oreilles de L qui ne pardonnerait pas de si vite aux suceurs de sang. Pour lui, il n’y a pas de pitié qui tienne, la guerre n’est pas faite pour les compromis : ils ont attaqué les premiers, il est normal de répondre. C’est une pure provocation pour lui, déjà qu’ils ne pouvaient pas se sentir à la base voilà qu’ils portent le premier coup ! Mais au final l’important n’est pas qui porte le premier coup, mais plutôt qui portera le dernier…